Ils en pensent quoi ?
L'Est Républicain a écrit :
« C'est n'importe quoi ! »
Jean-Luc Monschau ne comprend pas pourquoi Strasbourg récupère une victoire, alors que l'erreur administrative de Paris n'a pas porté préjudice à la SIG. Christian Fra parle de championnat faussé.
NANCY. - En apprenant le verdict des médiateurs du CNOSF de de « maintenir la décision de la commission de la Ligue » à savoir deux points de pénalité pour Paris, une amende de 2.000 euros et match gagné pour Strasbourg, Jean-Jacques Eisenbach a dû se retourner dans sa tombe, lui qui avait une sainte horreur de l'injustice sportive.
Battu le 13 novembre dernier sur son propre parquet par Paris, Strasbourg va donc récupérer une victoire lourde de conséquences sur tapis vert (le PBR peut encore faire appel devant le Tribunal administratif) et va revenir au classement à la hauteur du Mans, de l'ASVEL et du SLUC à dix journées de la fin. Un point supplémentaire qui risque de peser des tonnes à l'heure de classer les uns et les autres pour les play-offs !
Rappelons que Paris BR avait inscrit face au Havre et une semaine plus tard face à Strasbourg un joueur non qualifié (le géorgien Mamatsashvili) sur les feuilles de match avant de le rayer à l'issue des deux rencontres puisque le joueur n'a pas joué une seule seconde pendant les deux matchs.
La commission de la Ligue avait alors infligé une amende de 2.000 euros, match perdu par pénalité pour Paris et victoire sur tapis vert pour Strasbourg mais seulement une amende aux Parisiens face à l'équipe du Havre laquelle curieusement, n'a pas récupéré la victoire, Paris ayant dix jours à faire valoir lorsqu'il y a rupture de contrat. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué...
Deux poids, deux mesures
On sait bien qu'à la Ligue Nationale de Basket, il y a depuis longtemps, deux poids, deux mesures. Comment expliquer autrement l'engagement de Paris cette année en Pro A pourtant criblé de dettes et qui pour tenter de joindre les deux bouts, vient de laisser partir son meilleur joueur (Linehan) à... Strasbourg faussant considérablement le championnat ? Comment expliquer autrement que pour sauver Strasbourg (encore ! ) de la relégation à l'issue de la saison 2002-2003, la Ligue Nationale et la Fédération ont changé les réglements en cours de saison. On se souvient que d'un coup de baguette magique, la Pro A passa de 16 à 18 clubs.
On n'oublie pas non plus que Strasbourg qui n'a pas froid aux yeux, a proposé à Paris de rejouer le match devant les conciliateurs du CNOSF. Paris sans Linehan prenait au minimum un point, Strasbourg avec l'ex meneur parisien pouvait en prendre deux. Et tout le monde était content. De qui se moque t-on.. ?
« On fausse le championnat »
Aujourd'hui, le SLUC mais aussi ses adversaires Pau, Le Mans, l'ASVEL, Gravelines (voir réactions) sont en colère. Ils estiment que dans cette histoire, la Ligue a cherché à favoriser Strasbourg plutôt que de défavoriser Paris.
Jean-Luc Monschau, l'entraîneur nancéien qui digérait très mal la nouvelle hier matin, n'arrivait pas à comprendre : « C'est n'importe quoi ! Comme la Ligue Nationale en commet d'ailleurs tous les jours, Paris a fait une erreur administrative. Le club doit donc être sanctionné administrativement mais surtout pas sportivement, sans oublier qu'en donnant la victoire à Strasbourg, la Ligue désavantage les adversaires directs de la SIG. En justice, on cherche toujours à savoir s'il y a eu préjudice. Le joueur Géorgien n'a pas porté préjudice à Strasbourg puisqu'il n'était pas là et qu'il n'a pas joué. Pourquoi avoir donné la victoire à Strasbourg et par la même occasion, pourquoi ne pas l'avoir donnée au Havre ? ».
Mêmes arguments chez le Président Christian Fra : « D'abord, si on avait respecté le réglement, Paris qui n'a pas présenté son budget prévisionnel, n'aurait pas dû être engagé. Ensuite, Paris commet une faute administrative, il doit donc être sanctionné administrativement par une amende. Et peu importe si le club a des soucis financiers. Lorsque le SLUC a dû payer 30.000 euros après les incidents face au Mans en 2004, on ne s'est pas posé la question de savoir si on avait des soucis d'argent. En offrant la victoire à Strasbourg, la Ligue vient de fausser la fin du championnat. Une nouvelle fois, le basket ne va pas sortir grandi de cette affaire d'autant que Paris qui travaille avec un cabinet américain d'avocats, va, à mon avis, utiliser tous les recours possibles ».
Reste qu'aujourd'hui, le SLUC qui possédait le panier-average particulier, perd son joker sur Strasbourg. Le 13 mai prochain, à l'issue de la saison régulière, l'affaire risque de revenir sur le tapis...
L'Est Républicain a écrit :
« Une aberration »
# Didier Gadou (entraîneur de Pau-Orthez) : « Il existe un réglement et à partir de là, je pense que les dirigeants de Strasbourg ont raison de procéder de la sorte même si on est loin dêtre définitivement fixés dans cette affaire-là. Beaucoup de gens sont fautifs dans cette histoire. En engageant Paris en Pro A, on se doutait que cela fausserait le championnat. C'est du tragi-comique et le championnat devient illisible. En plus, les dirigeants des deux clubs sont capables de s'entendre pour l'échange d'un joueur (John Linehan) alors même qu'ils sont en désaccord. L'interprétation du réglement est de plus en plus utilisée. A force, on va finir par se demander s'il ne faut pas prendre un juridique dans chaque club... »
# Vincent Collet (entraîneur du Mans) : « Ce qui est important, c'est que le conciliateur a respecté le réglement. Maintenant, celui-ci est sans doute mal fait car pour un problème administratif, il faudrait une sanction administrative. C'est très grave mais dans cette affaire, les plus lésés sont l'ASVEL, Le Mans et le SLUC qui pourraient pâtir de cela en fin de saison. Nous, on n'a pas le bénéfice du panier-average sur Strasbourg et si on est à égalité au final, on passera derrière les Alsaciens. Il faudra voir les conséquences que cela aura, mais il devrait y en avoir. Tout cela ne va pas contribuer à donner une bonne image de notre basket ».
# Antony Tiodet (directeur exécutif de l'ASVEL) : « Je n'ai pas de commentaire à faire par rapport à une décision prise par l'organe disciplinaire de la Ligue, confirmée par le conciliateur. Je m'en remets à cette décision, prise dans le respect des réglements. Si cela va fausser le championnat ? Vous savez, il y a des choses qui faussent plus le championnat que cela, comme le fait qu'on ait laissé repartir en Pro A le Paris BR, ou le fait que des effectifs puissent changer de manière conséquente entre les matches aller et retour ».
# Fabrice Courcier (entraîneur de Gravelines) : « C'est une aberration. On peut partir du principe qu'un joueur qui n'est pas qualifié mais qui rentre en jeu peut influer sur le résultat final, mais là, ce n'est pas le cas. C'est incohérent. Je pense qu'une sanction financière aurait été plus adaptée car là, ce sont les sportifs qui paient. Même si je n'étais pas forcément pour que Paris soit sur la ligne de départ du championnat compte tenu des problèmes qu'ils ont, cette décision va à l'encontre du domaine sportif. Ce qui est certain en tout cas, c'est que Strasbourg aurait de la chance de récupérer ces points qu'il a perdus sur le terrain ».
# Christian Monschau (entraîneur du Havre) : « Je pense tout d'abord que cette situation doit être désagréable pour Paris sportivement. Le deuxième aspect, c'est qu'à partir du moment où il y a un recours auprès du CNOSF, je ne vois pas comment Strasbourg peut rentrer dans la discussion comme il l'a fait. Tertio, les mêmes causes doivent produire les mêmes effets auprès des différents clubs. Si Strasbourg bénéficie d'un point de plus, alors nous aussi on devrait récupérer un point puisqu'on a joué Paris une semaine avant. Mais moi, je n'aime pas ça car je pars du principe que tout ce qui est acquis sur le terrain doit rester acquis ».
# Gordon Herbert (coach de Paris) : « Comment ne pas être déçu par cette situation ? On gagne sur le terrain et on le perd sur tapis vert alors que le joueur n'est même pas rentré sur le terrain. C'est très frustrant et cela nous affecte psychologiquement et mentalement. Il y a quelques années, le club de Saint-Quentin avait connu une situation similaire mais il n'avait écopé au final que d'une amende (1). Je pense que cela aurait été une sanction plus juste. Je ne sais pas si le staff va décider d'aller jusqu'au bout de la procédure, mais je l'espère ».
L'Est Républicain a écrit :
« Une faute très grave... »
René Le Goff est convaincu que le préjudice aurait été plus grand pour Paris, s'il avait payé une amende.
- René Le Goff, est-ce que vous comprenez la grogne des clubs du haut de tableau concernant ce long feuilleton entre Strasbourg et Paris ?
- Oui. Ceci dit, on a une commission juridique et de discipline qui travaille en toute indépendance, qui prend des décisions en toute indépendance et qui a pris une décision qui doit d'ailleurs être bonne puisqu'elle a été confirmée par la chambre d'appel de la fédération.
- Dans l'histoire, Paris a perdu sur tapis vert les deux points qu'il avait gagnés sur le terrain et Strasbourg en a récupéré un de plus. Ce n'est pas un peu disproportionné par rapport à la faute qui est reprochée au PBR ?
- Ecoutez, la faute est très grave car elle concerne un joueur qui n'est plus salarié. Faire travailler quelqu'un qui n'est plus salarié, c'est grave.
- Même si le joueur en question, le Georgien Giorgy Mamatsashvili, n'est pas entré sur le parquet...
- Peu importe. S'il avait eu un accident pendant le déplacement par exemple, que se serait-il passé ? Cette situation a été jugée comme étant très grave et méritait une sanction, dont je ne suis pas à l'origine. Je ne peux que la commenter.
- On se souvient que Paris avait été engagé in extremis en Pro A au début de saison alors que le club était dans une situation précaire. Est-ce que vous ne pensez pas qu'on sanctionne le club de la capitale pour l'ensemble de son oeuvre entre guillemets ?
- Très honnêtement, si on avait sanctionné Paris d'une grosse amende, le résultat aurait été différent pour les clubs concernés, mais est-ce que vous croyez que le PBR n'aurait pas subi un préjudice plus grand ? Quand on a une situation financière difficile, il vaut mieux à la limite perdre un point que de payer 20 ou 30.000€.
- Ce feuilleton fausse tout de même un peu le championnat, non ?
- Concernant la qualification en Euroligue et le ranking, le championnat se jouera essentiellement dans les play-offs. Ce qui est avant, c'est intéressant, mais si un club finit deuxième au lieu de troisième, cela joue sur un point de ranking. Cela ne change rien du tout.
- Si Paris fait appel, le dénouement pourrait intervenir après le début des play-offs voire même après la fin de saison. Que se passerait-il ?
- Au jour d'aujourd'hui, il y a un classement. Si on arrive aux play-offs et que ce n'est pas jugé, on applique le classement tel qu'il est à cet instant.
- Et si l'épilogue ne survient qu'après la saison, peut-on imaginer que Paris et Strasbourg débutent la prochaine saison avec un ou des points en plus et en moins ?
- Je n'imagine pas ça, car une fois que le championnat est fini, il est fini. Si on est toujours dans un processus de ce type, on appliquera les décisions édictées soit par nos juristes en attente d'une décision du tribunal, soit par le tribunal lui-même.
- Tout cela ne donne-t-il pas une mauvaise image du basket français ?
- Je ne sais pas qui donne une mauvaise image. Le problème, c'est surtout de ne pas respecter les règles d'un employeur.
BASKETZONE a écrit :
La Ligue favorise-t-elle Strasbourg?
"Aberration", "Incohérent", "Championnat faussé", "C'est n'importe quoi"...
Pour les différents acteurs de la Pro A, les expressions et les mots ne manquent pas pour qualifier la décision de la Ligue de donner un point supplémentaire à Strasbourg suite à l'affaire du match Strasbourg-PBR.
Rappel des faits: Le club parisien avait inscrit sur les feuilles de matchs des rencontres face au Havre et une semaine plus tard face à Strasbourg un joueur non qualifié (Mamatsashvili). En suite, comme le joueur n'était pas entré en match, le club avait décidé de le rayer de son effectif. Sauf qu'il s'était trompé dans la date du contrat...
Compte-tenu de cet erreur administrative, la commission de la Ligue avait alors infligé une amende de 2.000 euros, match perdu par pénalité pour Paris et victoire sur tapis vert pour Strasbourg. En revanche, pour la rencontre face au Havre, Paris n'avait reçu qu'une amende et Le Havre n'avait pas eu match gagné.
A l'arrivée, la SIG se retrouve désormais 2eme du championnat à 10 journées de la fin, et bien entendu, Le Mans, l'Asvel, Nancy directement concernés, mais aussi Pau, Gravelines ou Le Havre hurlent au scandale!
Pourquoi? Tout simplement parce que dans l'histoire, on favorise Strasbourg plutôt que de vraiment pénaliser Paris. Et que, ce n'est pas la première fois que la Ligue se met en quatre pour la SIG.
L'Est Républicain rappelle ainsi qu'en 2003, la Ligue avait décidé de passer la Pro A de 18 à 16 clubs, uniquement pour "sauver" la SIG de la relégation.
Quoi qu'il en soit, il est vraiment dommage que la Ligue écorne une nouvelle fois l'image du basket français. Surtout qu'on se prépare à assister au premier match de saison régulière à Bercy entre Paris... et Strasbourg, of course!