Nix a écrit :ben alors exprimes toi, imagines toi qu'on te propose de prendre le présidanat de l'ebpo ... à part refuser (en bon limougeaud
), tu prends quoi comme mesures pour nous faire jouer les premiers roles en EL ?
Humm, comment dirais-je, Limougeaud n'est pas franchement le terme adéquat compte tenu de mon temps de présence dans cette ville, mais supporter du CSP est évident...
Ce que j'ai retenu de l'expérience CSP, à savoir une réussite durable au plus haut niveau européen (de 82 à 95), c'est 2-3 choses assez extérieures mais qui me paraissent fondamentales.
- La première, c'est le choix d'un technicien hors pair. Je retiens du CSP 4 noms: Buffière, Gomez, Maljkovic et Ivanovic (dans un contexte certes très particulier pour ce dernier). ça me paraît la base de tout pour avoir de l'ambition en basket. Si tu as un manque de moyens, faut faire avec de l'imagination et de la prise de risques, tu n'es pas obligé de recruter un nom (Buffière, Maljkovic), mais avoir du "nez" et repérer le très grand technicien en devenir (Gomez, Ivanovic), ce qui veut dire évidemment que tu dois connaître un minimum le basket et la psychologie pour repérer les personnes qui sortent du lot. Evident que tu peux te planter...
- La seconde chose, c'est qu'il faut de l'argent pour t'attirer, pas forcément une équipe de stars (les contre exemples pullules) mais 2-3 joueurs qui vont te faire la différence dans leur secteur de référence. L'argent, tu vas l'attirer de plusieurs façons, en faisant parler de toi par tes résultats, par les innovations que tu lances pour faire parler de toi dans ton sport et en tenant un discours ambitieux et volontariste, mais pas seulement. Tu n'attires pas un sponsor à 4 ou 5 M€ annuel en lui vendant le Top 16, tu vas l'attirer en lui disant que tu souhaites arriver au F4 sur un objectif de 3-4 ans. Ensuite, vu le montant de l'investissement demandé, c'est évident que tu dois lui proposer un poste si ce n'est de désionnaire exécutif, au moins un poste qui lui permette de vérifier le correct emploi de l'argent qu'il te met à disposition (présence au conseil d'administration par exemple, proposer de nommer comme commissaire aux comptes le sien qui pourra lui rendre compte de la transparence de la gestion) ou d'autres genre de choses qui font que ton (tes) gros bailleurs de fond se trouvent complètement impliqués dans la vie du club (voire de sa gestion à un niveau ou à un autre). C'est à mon avis sur ces aspects que Pau pêche le plus profondément, la culture "familiale" revendiquée étant pour moi très clairement un frein au développement du club, ce frein étant sublimé par un discours paternaliste (si j'étais méchant je dirais misérabiliste) de bon aloi...
- La troisième chose, c'est que dans la gestion au quotidien de ton club, tu dois avoir la culture de la "gagne" ou la culture du résultat. Concrètement, je ne sais pas comment ça se traduit dans la gestion humaine d'un club de basket... Enfin, disons plutôt que je ne vois pas comment concrètement la transposer de la culture d'entreprise que je vis au quotidien à celle d'un club de basket. Mais comme en entreprise, ça doit se traduire par une exigence de tous les instants, dans la confiance dans les responsabilités que tu confies mais également dans le contrôle périodique desdites responsabilités. Je ne pense que ça ne se traduise que dans les résultats des matchs, c'est tout un ensemble de choses que l'ensemble du staf et joueurs doivent ressentir, comme se faisant partie d'une organisation très pro et qu'ils sont redevables à tout moment du professionalisme de l'entourage. La culture du résultat, c'est quelque chose qui se vit au quotidien dans une organisation et en basket elle ne doit pas se vivre qu'une heure 30 par semaine (ou 2 fois 1h30 par semaine) au moment des matchs. Inutile de trop insister sur le sujet, Pau a cette culture peu ou prou... mais se cantonne à la mettre en oeuvre sur le seul territoire français.
- Enfin, quatrième aspect, ne jamais se satisfaire de ce qu'on a. Un résultat sportif est aléatoire, il faut donc se battre pour le vendre afin de le pérenniser dans le temps et permettre de rester compétitif pour en conquérir d'autres. Après un cycle, on sait qu'on doit se séparer de son technicien hors pair (usure du temps, rapports d'exigence rentrant peu ou prou dans un rapport de routine ce qui n'encourage pas au développement de la culture du résultat), idem, et de manière encore plus rapide pour les joueurs. Toujours chercher à optimiser son effectif dans la conquête de nouveaux résultats et en obtenir d'aussi bons. Bref, mettre en place une dynamique et compter sur l'effet boule de neige. Le plus difficile évidemment, c'est de rentrer en dynamique, d'amorcer la pompe. Et une fois amorcée, d'en maintenir le débit, ou à tout le moins, de faire qu'il ne se tarisse pas...
Bon, tout ça c'est des mots derrière un écran. Je pense que n'importe qui pourrait les écrire à commencer par ceux qui dirigent les clubs français aujourd'hui... La seule chose en fait importante derrière un projet stratégique (à partir du moment où on a un....), c'est sa mise en oeuvre... Quand tu lis un Thiodet, tu dis, ouah, j'aime ce discours, balèze, ça change, ça tranche, super... Et quand tu vois son résultat, bah, c'est quand même un gros flop.... Il y a loin de la coupe aux lèvres...
Pour enfoncer une dernière porte ouverte (j'adore ça, tu as dû remarquer...
), un club de basket en Europe aujourd'hui c'est quoi? Une petite PME qui dans le meilleur des cas ne dépasse pas 15 M€ de chiffre d'affaires. Ce qui fait que ce genre de PME réussit ou pas, c'est bien souvent uniquement la qualité de l'homme (voire tandem ou trio) qui en est à sa tête et qui va avoir la capacité intellectuelle, physique et mentale de mener à bien son projet. Comme déjà évoqué à de trop nombreuses reprises, des gens sympas, gentils tout plein, y'en a bcp, des gens ayant une compétence aussi, mais des personnes capables de mener à bien des projets de ce type, c'est rare, très rare. Aujourd'hui il n'y en a pas en France et ce qui est dramatique, c'est que rien n'est fait pour les attirer de l'extérieur alors que le basket est un magnifique vecteur de développement dans ce pays pour qui s'interesse au sport business.