DEMI-FINALE. Pau-Orthez et le Mans ouvriront la série, demain soir à Antarès. Dans ce duel entre candidats au titre, le coach manceau, Vincent Collet, estime que ce premier match sera décisif.
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Choc. Les Palois de Lonnie Cooper ont déjà battu trois fois les Manceaux de Kenny Gregory cette saison, mais pour Vincent Collet « on repart de zéro ».
PRO A (PLAY-OFF)
Cinq semaines après la qualification des Palois en Coupe de France, un mois après la victoire de l'Elan à Antarès (lire ci-contre), Pau-Orthez et le Mans se retrouveront, demain soir dans la Sarthe, pour lancer une demi-finale qui promet beaucoup de tension et où personne ne veut endosser l'habit de favori. Pau-Orthez a terminé à la première place mais à dû ferrailler trois manches pour éliminer les Choletais. L'équipe de Vincent Collet a suivi une courbe inverse : cinquième de la saison régulière elle a écarté Bourg puis balayé Villeurbanne en deux manches, montrant une solidité retrouvée.
SudOuest : " Le Mans a connu une période délicate dûe notamment à des tensions entre vous et Jermaine Guice. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Vincent Collet: Ca va mieux. On est sortis de cette passe difficile. Le premier tour du play-off, contre Bourg-en-Bresse, nous a permis de retrouver des couleurs et on a confirmé devant Villeurbanne en quart. Nous sommes restés un mois à l'arrêt complet et comme il y avait beaucoup de matches dans cette période, ça s'est vu. Mais aujourd'hui tout est reparti comme avant.
SudOuest : Les trois face-à-face de cette saison entre l'Elan et le Mans vont-ils peser dans les têtes ?
Vincent Collet : Non. On repart de zéro. En play-off, le défi est le même pour tous : c'est de gagner deux fois. Ce qui s'est passé avant ne compte pas.
SudOuest : L'Elan vous paraît-il plus vulnérable que ces dernières saisons ?
Vincent Collet :Pas vraiment. Il y a deux ans, les Palois n'étaient pas plus imposants qu'aujourd'hui et ils ont été champions. Pau, ça reste Pau, avec une grosse expérience du play-off. Peut-être que l'Elan est moins dominant aujourd'hui, mais ça reste encore à prouver. En tous cas, ce n'est pas notre problématique à nous, Manceaux.
SudOuest : Qu'attendez-vous de la première manche, demain, à Antarès ?
Vincent Collet :On joue très gros sur ce premier match. Pour nous, c'est déjà une finale. Gagner ne garantit rien, mais c'est la condition nécessaire pour continuer à exister. Je ne me fais aucune illusion sur nos chances si on venait à perdre cette première manche. En play-off, le match 1 conditionne beaucoup de choses. On a payé pour le savoir il y a deux ans, en demi-finale, contre Gravelines : on passe de peu à côté de la victoire au Sportica, on gagne de 35 pts le match 2 à Antarès et on perd la belle chez nous de quatre points...
SudOuest :Une victoire vous permettrait de vous libérer de la pression ?
Vincent Collet :Oui, lors les deux premiers matchs, celui qui reçoit risque gros. En remportant le premier point, on mettrait la pression sur l'Elan. Maintenant, gagner à Pau, au Mans, il y a longtemps qu'on ne sait plus ce que ça veut dire.
SudOuest : Les Choletais disaient la même chose avant de venir s'imposer au Palais des sports...
Vincent Collet : Plus on avance dans une série et plus on se rapproche du moment où elle va être interrompue, c'est sûr. Ecoutez, la dernière fois que le Mans a battu l'Elan chez lui, je m'en souviens très bien puisque j'y étais. C'était il y a 22 ans et le match avait lieu trois jours après la victoire des Orthéziens en Coupe Korac. J'ai vu Mathieu Bisseni, avant le match, recevoir son poids en bouteilles de jurançon et Freddy Hufnagel passer directement de chez Moulia à la Moutète pour jouer...
SudOuest : Pierre Seillant affirme que son équipe est en position d'outsider et la votre favorite. Votre avis ?
Vincent Collet : Avec tout le respect que je lui doit, ça me fait sourire. Personne n'est dupe. Au Mans, on ne se cache pas et on n'a pas peur, mais il n'a pas le droit de dire ça. D'accord, Pau n'est pas grandissime favori, mais avec deux matchs à domicile, la balance penche quand même en sa faveur. Mais si on gagne samedi, elle se rééquilibrera. La série deviendra plus ouverte ".
" PRECEDENTS "
Elan-Le Mans, 66-64 Championnat (match aller) :
Ce dimanche 15 janvier, l'Elan n'a pas encore retrouvé CC Harrison et Laurent Foirest. Mais les Palois montrent leur force de caractère : menés au score les trois-quarts du match, ils passent en tête dans le dernier quart-temps, où Xane d'Almeida (13 pts) fait la différence, aidé de Lonnie Cooper (24 pts, 10/10 aux lancers). Au sortir de ce bras de fer défensif, Vincent Collet est amer : « à Pau, les sommets ressemblent souvent à une corrida. Aujourd'hui, le taureau était vif, mais il est tombé sur des picadors qui l'ont sévêrement châtié », lance-t-il en direction des arbitres, coupables à son goût d'avoir fait basculer le match dans la dernière période.
Elan-Le Mans, 60-57 Coupe de France (quart) :
Encore un match sous haute tension, à Angers, le mardi 25 mars. Le Mans domine au rebond (36 à 31) mais manque de précision (18 balles perdues). Tout se joue dans les deux dernières minutes, où quatre lancers de Laurent Foirest, placent l'Elan devant. Les 15 pts de l'ailier pèseront au final plus lourd que les 17 unités de Jermaine Guice.
Le Mans-Elan, 63-80 Championnat (match retour) :
Dix jours après son élimination en Coupe de France, le Mans est en crise. Jermaine Guice reproche à Vincent Collet un temps de jeu trop réduit et montre son mécontentement sur le terrain : il n'inscrit pas le moindre point dans ce match dominé de bout en bout par l'Elan (0-11 puis 40-62), porté par Artur Drozdov (13 pts, 7 rebonds, 2 interceptions), où Jeff Varem, repositionné au poste d'intérieur, fait parler sa puissance (16 pts)
(Source : http://www.sudouest.com)
" Drozdov, enfant de l'Elan "
Devenu un joueur accompli, Artur entend le chant des sirènes. Raison de plus pour ne pas se louper juste avant Bercy.
Né à Yakoutsk, apprenti basketteur sous les couleurs de Saratov (Russie), c'est à Pau que Artur Drozdov s'est réellement construit. Autant sur le plan sportif que personnel.
Gentiment baptisé " Bernardo " car muré dans le silence, ce jeune homme timide , totalement imperméable aux subtilités de notre langue à son arrivée en Béarn (fin des années 90), est devenu un joueur majeur à 26 ans.
Pas loin aujourd'hui d'être au sommet de son art, cet enfant secret volontiers adopté par l'Elan sait que le printemps 2006 débouchera sur d'autres perspectives. Il y a tout d'abord un 4e bronze à aller chercher sous les lampions de Bercy, histoire de rendre plus lumineuse encore les 5 saisons déjà données à son club.
Mais il y a autre chose : ce chant insistant des sirènes - " surtout russes et espagnoles avec uniquement des clubs d'Euroligue ", dit-il sur le ton de l'excuse - qui l'invitent à découvrir de nouveaux horizons.
Il est clair en effet que, après plus de 300 matches en vert et blanc, 3 titres de champion national, 2 Coupes de France et une saison encore dense (11 points, 5,4 rebonds en 30 minutes de moyenne), Artur Drozdov ne laisse plus grand monde indifférent sur le vieux continent.
[center]" Pau, ma deuxième maison "[/center]
Ce blanc qui sait sauter, défendre le plomb mais aussi scorer quand les circonstances l'exigent (5 matches à 20 points et plus cette année), est une clé de voûte du cinq majeur régulièrement aligné par Didier Gadou.
Crédité de la meilleure évaluation statistique à l'issue du match d'appui décisif gagné contre Cholet , en dépit de douleurs récurrentes aux coudes qui nécessiteront une intervention , l'Ukrainien en voie de naturalisation...française a indéniablement étoffé son bagage.
" J'ai beaucoup appris ici, au plan du jeu comme pour la vie de tous les jours. Pau, c'est et cela restera ma deuxième maison. Nikolas, mon père, s'est installé ici et moi j'ai vécu 6 années merveilleuses qui m'ont rendu plus fort ", consent à dire l'intéressé, sans émotion apparente.
Resté plusieurs années dans l'ombre envahissante des frères Pietrus et de Boris Diaw, Artur Drozdov a su gagner ensuite sa place au soleil : " En essayant de tout faire du mieux possible? défendre, prendre du rebond, être agressif. Aujourd'hui, je suis fier de pouvoir me dire que je fais un peu partie de l'histoire de l'Elan et je crois que lesgens m'aiment bien ".
Imaginer que ce petit discours, bien long pour un taiseux dans son genre, est celui d'un garçon déjà parti sous d'autres cieux serait insultant pour Drozdov. " On a l'occasion de bien finir une saison qui, avec tous ces blessés, aura été difficile même si l'Elan a, je crois, toujours répondu présent dans les moments chauds ", reprend Artur. " Maintenant, il faut oublier les 3 matches déjà gagnés face au Mans, car c'est du passé, et partir samedi à Antarès avec l'intention de faire pareil. Ce ne sera pas simple car nos adversaires ont été impressionnants en quart de finale, devant l'ASVEL. Mais on a l'avantage du terrain et les armes pour y arriver. Alors, il faut tout donner ". Pour la dernière fois ?
(Source : Le Journal La République des Pyrénées)